ANIAR

Le mot « aniar » signifie « côte ouest » en gaélique, la langue des Irlandais. C’est aussi le nom d’un minuscule restaurant de terroir à Galway sur le côte ouest de l’Irlande,

Photo de Joe Turner – Sur les rues de Galway

où j’ai eu le bonheur de savourer de magnifiques petits plats issus de cultures maraîchères et d’élevage de la région à l’automne 2019. Certes, c’est un peu dispendieux, mais, promis, ça vaut la peine.

De Montréal, j’avais réservé le repas dégustation le plus abordable, soit celui à 75 EU (fromages exclus). Pour 35 EU additionnels, j’ai eu droit à quatre demi-verres de vin du Portugal, d’Espagne, de France et de la Slovénie pour accompagner mon repas. Tous les ingrédients en cuisine, sans exception, proviennent de cultures maraîchères et d’élevage sur la côte ouest de l’Irlande. Oubliez donc le café à la fin du repas, car il ne se cultive pas de café en Irlande. Libre à vous de le remplacer par un scotch tout en finesse pour clôturer votre repas.

Expérience gustative mémorable : betteraves parfumées à la rose, crabe à la livèche, pommes de terre à l’aneth, algues et radis de mer, petit pain de pomme de terre, courgettes à la fleur de sureau, huitres bardées de fucus, anguille nappée d’une mousse de pomme de terre, phoque moine et chou-rave, petits fruits et reine-des-prés, avoine et babeurre, fraises, sorbes et prunes de Damas. Personnel des plus attentionné. Voyez par vous même le propriétaire-chef vous parler et, surtout, vous montrer l’inspiration de son restaurant. Ça dit tout.

Le moment venu de me servir le pain, la serveuse me présente un petit pain aux pommes de terre sans gluten, fraîchement sorti du four, accompagnée de ce magnifique poème du poète irlandais Brendan Kennelly.

Bread
par Par Brendan Kennelly

Someone else cut off my head
in a golden field.
Now I am re-created

By her fingers. This
Moulding is more delicate
Than a first kiss.

More deliberate than her own
Rising up
And lying down,

I am fine
As anything in
This legendary garden

Yet I am nothing till
She runs her fingers through me
And shapes me with her skill

The form that I shall bear
Grows round and white.

It seems I comfort her

Even as she slits my face
And stabs my chest.

Her feelings for perfection are
Absolute.

So I am glad to go through fire

And come out

Shaped like her dream.

In my way

I am all that can happen to men.

I came to life at her finger-ends.

I will go back into her again.

 

Voici la recette de pain que le resto a eu la délicatesse de me remettre en fin de repas.

PAIN DE POMMES DE TERRE

350 g                    farine blanche

1 c. à thé               sel de mer
1 c. à table           poudre à pâte
125 g                     beurre doux congelé
350 g                     purée de pommes de terre froide
2                           oeufs
1 c. à table           lait

1                           petite poignée de fines herbes fraîches ou autres aromates
(ail sauvage, poireaux sauvages, persil, aneth, etc.)

Préchauffer le four à 350˙F.

Passer la farine, le sel et la poudre à pâte au tamis dans un bol. Râper le beurre congelé grossièrement directement dans le mélange et frotter des doigts jusqu’à l’obtention d’une texture sableuse.

Dans un bol moyen, fouetter le lait et les oeufs. Ajouter les aromates. Verser sur le mélange d’ingrédients secs et bien mélanger jusqu’à l’obtention d’une boule. Enfariner la surface d’un comptoir bien propre. Étendre la pâte, puis, à l’aide d’emporte-pièce, découper une dizaine de rondelles (ou autres formes).

Cuire 10 à 15 minutes à 350 degrés F jusqu’à ce que le dessus et dessous soient légèrement dorés.

Servir avec du bon beurre.

***

Ce soir-là, assise à la fenêtre à l’entrée d’Aniar, tous mes sens palpitaient de plaisir et de gratitude sous la veille bienveillante de mes serveurs, tous plus soucieux les uns que les autres de mon bonheur à table. Merci à la vie.

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *